Ceci est la newsletter d’avril, que je poste fin mars au lieu du début de mois, parce que je pars sous peu en déplacement en Auvergne, puis j’enchaîne sur Fribourg, puis sur Paris pour un voyage-éclair, que ça va pulser et que je risque d’oublier.
Sérénité de la lettre nouvelle
Cette newsletter mensuelle m’apporte beaucoup de sérénité. Vous voir nombreux à vous y être abonnés me rassure : celles et ceux qui comptent (= vous) auront de mes nouvelles sans que ni vous ni moi ne nous sentions obligés de scroller sans fin en avalant des centaines de déchets au passage.
🔥 Coupons les fils qui nous aliènent ! 🔥
Je m’abonne à mon tour aux newsletters qui m’importent. Principalement des écrivain·es… qui écrivent. J’avoue, je trouve cela étrange ces écrivain·es qui ne réseau-socialisent que pour faire la promo de leurs romans, et jamais pour écrire sur le monde qui nous entoure. Tout ne fait pourtant pas roman, ou pas tout de suite. Et nos réflexions en cours gagnent à être partagées. Je crois.
✨ Renouons avec les fils qui nous importent ✨
Les newsletters qui m’intéressent sont donc celles qui évoquent la vie, ou l’écriture-vie (quand ça ne ressemble pas à une recette de cuisine), ou le monde. Désormais assurée de mon côté que vous en serez tenus au courant via la mienne, je me suis remise à écrire ce qui me travaille/m’amuse/me plait/me révolte/me fait réfléchir sur mon blog, quand ça me prend. Je retrouve le bonheur de prendre le temps de m’exprimer clairement, en pesant mes mots, avec une mise en page bienveillante.
✍️ Reprenons le fil de nos flux d’écriture naturels ✍️
Bienfait collatéral : j’ai ainsi subitement réalisé qu’Instagram, que pourtant j’ai longtemps apprécié, m’avait insidieusement bridée.
Instagram et moi, une histoire d’amour sur le déclin
Mais enfin comment en tant qu’écrivaine ai-je donc pu me laisser imposer des textes si courts (je me revois couper, élaguer, pester, suer pour que ça rentre dans le nombre de caractères admis), sans mise en page ni hypertextualisation possibles ? Ah, l’impossibilité des liens hypertextes ! Comment a-t-on pu accepter qu’on nous confisque la possibilité de ces joyeux voyages numériques, et comment n’a-t-on pas vu que c’était pour qu’on ne quitte pas Meta, ce circuit fermé ? Cette aliénation.
👩🏻💻 Soumis au diktat de l’image-reine. 👩🏻💻
Nous, écrivain·es qui écrivons, nous sommes contorsionné·es dans tous les sens pour essayer d’y publier nos textes : on les a transformés en images, on a essayé de renvoyer les gens vers nos blogs avec des “liens dans la bio” difficiles d’accès, où personne ne clique jamais, et on a dû se former à la production d’images potables pour ne pas trop avoir honte face aux graphistes et illustrateurices pros.
On bataille tant avec cette appli, pour partager nos mots… Comment avons-nous pu accepter cette soumission-là dans la joie ?
La raison, en fait, je la connais, c’est celle qui fait que je suis parvenue sans souci à quitter Facebook (pourtant beaucoup plus souple avec nos textes), mais que je n’arrive pas à quitter Insta. Parce que la communauté des éditeurs, influenceurs, lecteurices, médias, profs, bibliothécaires, libraires, est principalement là. Et c’est agréable de faire partie intégrante de cette communauté qui est la nôtre. Mais à quel prix ?
🌐 La bookstagramosphère a avalé nos mots 🌐
Les éditeurs ont leur place sur Instagram : ils travaillent sur l’image, attirent avec des couvertures, des résumés courts, c’est efficace et pertinent. Les influenceurs et influenceuses, les libraires ou les journalistes aussi. J’adore, d’ailleurs, les images souvent inventives faites avec nos romans par le grand bookstagram (mais vous voir fermer vos super-blogs les unes après les autres me fend le coeur : n’était-ce pas votre mémoire ?). Les profs ou bibliothécaires, et globalement tous ceux qu’on appelle prescripteurs, y sont pour leur veille informationnelle. Ils repèrent les nouveautés, et se nourrissent du contenu fourni par ceux cités plus haut. J’imagine bien que la communication par l’image leur fait gagner du temps.
Mais nous, écrivain·es ? Qu’est-ce qu’on fabrique sur Instagram, honnêtement ? A part du travail de promo essentiellement visuel ? Je ne rechigne pas à le faire, et je pense qu’on a un peu à le faire, j’aime souvent ça d’ailleurs, et j’aime moi aussi les images, mais nous nous sommes laissés enfermer dans cette seule manière de communiquer - alors que ce n’est pas notre métier, et alors qu’on a besoin d’espace et de temps, immensément d’espace, immensément de temps, pour écrire des romans, ou des réflexions profondes sur nos blogs :-) Nous nous sommes laissés vampiriser par la communication visuelle, rapide et immédiate, au détriment du coeur de notre raison de vivre. L’écriture.
Retrouvons notre force originelle : les mots-rois
Nous devrions plutôt nous concentrer sur cette force qui nous distingue : LES MOTS. Oui, même si on s’adresse aux ados et jeunes adultes, puisqu’on cible celles et ceux qui LISENT (cessons de laisser croire qu’elles et eux aussi ont été avalés, à l’instar de nos mots - cessons de contribuer à leur disparition en consentant à celle de nos mots, précisément là où ils sont le plus : sur les réseaux). Nous ne devrions donc utiliser que les réseaux qui n’imposent aucune limite aux mots et à leur mise en page. Qui sont pensés pour eux, non contre eux. Quelle violence, sinon, quand on y pense. Je me répète, pardon, mais comment a-t-on accepté ça ? Revenons à une éthique de l’expression écrite gratuite (avec nos romans - payants - en revanche on est dans le juste).
Nul besoin de négliger pour autant les images, mais en seule illustration de nos mots-rois - non pas deux-trois phrases en commentaire d’images-reines. Des images pas seulement destinées à attirer le chaland, mais insérées dans un texte à l’endroit qu’on a choisi, comme maintenant, là tenez, envie de partager celle-ci qui est mal fichue de ma promenade d’il y a quelques jours.
Tout y est penché, bancal, tout semble entre deux saisons, et pourtant : équilibre. Si si, croyez-le puisque mes mots le disent.
Projet en cours - Cailloux scintillants
Je suis immergée dans un projet complexe mais exaltant. J’ai bien fait d’en parler auparavant à mon éditrice, qui croit au projet - cette chance que j’ai de travailler avec des personnes qui croient en mes mots... J’y repense quand je me décourage. Et comme toujours, lorsque le roman qui se crée m’emmène loin, il se noue de drôles de connexions avec le réel. Comme des cailloux scintillants (l’expression n’est pas de moi et elle est belle). J’explique cela ici.
Avec, à la clé, la redécouverte de ce passage-ci écrit alors que j’avais 21 ans, dans mon journal :
C’est assez vertigineux, je trouve. Mais si en plus on met cela en regard avec cet autre écrit à la même période à peu près…
… On réalise que dans les années 1990, les jeunes femmes pouvaient être féministes sans le savoir.
Autres réflexions
En cliquant sur ces images qui n’avalent pas mes mots mais qui ouvrent sur eux, vous aurez accès à des notes de blog où je me suis posée plein de questions (eh oui c’est aussi ça, écrire, cela fait partie du work in progress).
Et si ça vous intéresse, en cliquant sur cette image ci-dessous vous aurez mon opinion sur les prouesses britanniques pour évoquer l’adolescence à l’écran.
Ah je vous avais dit que je ne vous donnerais de mes nouvelles qu’une fois par mois, mais pas que ce serait court à lire ! Allons, prenez votre temps, vous avez un mois entier devant vous, voire davantage, car rien ne disparaîtra, rien ne sera noyé dans un flux incessant, tout sera toujours disponible facilement au même endroit, c’est la force pérenne des blogs et newsletters.
Nouvelles de mes romans
⭐️ Tout nouveaux tout beaux ⭐️
☞ Une nouvelle et troisième aventure de Chun le panda va voir le jour en avril ! Ce sera sa dernière, alors savourez-la. Parole de panda !
☞ Le brasier, ce roman qui est paru dans une houle intérieure que je n’ai pas encore bien comprise, mais qui prouve qu’il a une importance, a encore récolté de très beaux avis. Tout est compilé ici.
À paraître
☞ Le 15 avril, je serai à Paris pour parler de mon roman pour ados à paraître en septembre chez Nathan, à de véritables VIP ! (libraires, bibliothécaires et salons). Le titre ? La forêt qui dévore. La couverture ? Elle est MAGNIFIQUE. Mais patience, patience…
📚 Salons, rencontres, d’avril 2025 📚
1er au 4 avril : rencontres à Brioude (Auvergne)
Semaine du 7 avril : rencontres à Fribourg
23 au 25 avril : rencontres à Nice
29 avril : rencontres à Aix-en-Provence (collège Sacré Coeur)
À bientôt !
Super newletter je l’ai dévorée ! En tant que lectrice moi je n’ai jamais accroché à Instagram je trouve le format atroce pour l’écriture et la lecture - Substack est correct, mais récemment un écrivain que je suis, Thierry Crouzet, a publié un texte dans un PDF bien formatté avec toutes les métadonnées qu’il faut, et en tant que lectrice, moi c’est ça que je veux. Le format d’Instagram est bon pour les illustrations et photos, et encore, même plus aujourd’hui parce que l’algorithme est trop atroce et enfermant. Donc non, tout le monde n’est pas sur Instagram, et pitié, il faut publier ailleurs ! Je ne sais même pas si les personnes sur Instagram ont conscience que comme c’est très difficile, voire impossible, de lire leurs textes sans compte, eh bien en fait elles se coupent d’une partie de leur lectorat, sans pour autant que l’algo les aide en retour …
Super newsletter, merci. C'est vraiment agréable de prendre le temps de lire.